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L'Uniterrsaliste Andromede60

Monnaie locale : sursaut éthique ou vraie solution ?

2 Mai 2012 , Rédigé par Andromede Publié dans #Economie Actuelle

Point d'interrogationNouvelle mode pour bobo branché ? Parade à la crise ? Monopoly éthique ? En fait, plus qu’un effet de mode ou qu’un outil anti-crise, nous parlons d’un mouvement mondial, signe d’une incroyable transformation de la pensée humaine et de la société au plan mondial. Une monnaie locale complémentaire (MLC) est une monnaie qui s’ajoute à la monnaie nationale, émise et gérée par les citoyens eux-mêmes pour dynamiser les échanges et redonner sur leur territoire proche l’humanité et le sens que les monnaies conventionnelles n’incarnent plus.

 

Monnaie solidaire MesureCes monnaies prennent de nombreuses formes, aussi bien matérielles que virtuelles. Ce sont par exemple les 480 SEL (Système d’Échange Local), l’Occitan à Pézenas ou l’Abeille à Villeneuve-sur-Lot. Après Une Monnaie nationale complémentaire, Philippe Derudder signe un nouvel ouvrage, sur les monnaies locales, aux éditions Yves Michel.

Après un éclairage sur les raisons profondes qui inspirent ce mouvement, Philippe Derudder retrace l’histoire d’une dizaine d’expériences pionnières au XXe siècle, il dresse ensuite le portrait d expériences actuelles dans le monde.

La dernière partie est consacrée à un guide pratique pour mettre en oeuvre une monnaie complémentaire locale. Ce sujet est très attendu dans le contexte actuel. L’auteur est considéré comme un visionnaire, demandé partout en France et à l’étranger pour s’exprimer sur les questions monétaires et de ce qu’il appelle la conscience d abondance.

Philippe Derruder anime le site dédié aux monnaies locales complémentaires conçu comme une plate-forme pour mutualiser des outils, des informations et de la documentation. En guise d’introduction à ce portail, il écrit :

"Une monnaie complémentaire ! Quel peut bien en être l’intérêt ? Améliorer le sort des plus bas revenus ? Il est certain que les monnaie complémentaires sont apparues (je devrais dire ré-apparues, car elles étaient courantes au moyen âge) lors de la grande crise de 1929. L’argent était remisé dans les bas de laine pour parer au plus grave et ne circulait donc plus dans la société, ce qui aggravait les choses. Plus près de nous, ce fut la bouée de sauvetage de millions d’Argentins lorsque, du jour au lendemain, ils n’eurent plus accès à leur compte en banque.

Mais ne nous y trompons pas. Le courant des monnaies complémentaires qui grossit dans le monde entier est la marque d’une profonde évolution des consciences. Depuis la chute du mur de Berlin, le capitalisme, tel un boxeur ayant mis KO son adversaire, est resté seul, triomphant sur le ring. La route était enfin dégagée et le rêve américain allait pouvoir se réaliser, s’imposer au monde entier et faire de tous les jours Noël. La croissance, favorisée par les dérèglementations, la libre circulation des biens et des capitaux, la libre concurrence, allaient tirer le monde vers l’excellence et la prospérité pour tous. 20 ans se sont écoulés et le rêve américain est devenu un cauchemar, en premier pour les américains eux-mêmes. Ce XXIème siècle est né au milieu d’un ensemble de crises qui s’emboîtent les unes dans les autres à la façon d’une poupée russe : Crise de la pauvreté, crise alimentaire, crise énergétique, crise climatique, crise économique et financière, crise de l’emploi… L’humanité est atteinte d’un cancer généralisé.

 

Capitalisme.jpgD’un côté reste le système dominant. Moribond tenu artificiellement en vie sous respirateur artificiel du « quantitative easing » (assouplissement quantitatif qui consiste à injecter des milliards dans le système), entouré d’experts les yeux rivés sur le moniteur de la croissance ; de l’autre des citoyens de plus en plus nombreux qui dénoncent l’illusion. Ces citoyens ont compris ou sont en train de comprendre que le bonheur est dans le respect de la vie et dans le tissage minutieux des liens qui nous y relient.

Étonnamment, la monnaie, le plus souvent considérée comme le bouc émissaire des tous nos maux, devient l’outil de cette réconciliation. Donner de la valeur à la richesse qui existe là, à notre porte ; encourager sa reconnaissance ; découvrir les gens que l’on côtoyait hier sans les voir, en favorisant l’échange local ; redonner du sens à nos activités ; traduire symboliquement les valeurs humaines économiques et sociales que l’on a envie de voir grandir dans la société ; voilà la véritable trame de ces petits billets aux noms évocateurs de « Mesure », « d’Abeille », « Luciole » et autres « ÉcHos » qui passent de main en main pour acheter biens et services, sans doute, mais pour incarner nos espoirs, surtout.

 Certains, toutefois, pourraient voir dans ces expériences un élan moins noble que ce qui est dit ici. Ils pourraient percevoir une tendance au repli sur soi, si spontanée lorsque l’individu se sent en danger. Or nous vivons une époque de transition particulièrement dangereuse… Laissons l’histoire révéler qui de la peur ou de la confiance aura été aux commandes. Pour l’heure, je ne peux que me réjouir de l’enthousiasme et de la vision que portent les groupes pionniers."

SOURCE : CDDURABLE.INFO

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