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L'Uniterrsaliste Andromede60

Les phtalates : ennemis de la virilité ?

16 Avril 2012 , Rédigé par Andromede Publié dans #Santé & Nutrition naturelle

Virilite.jpgC'est une première : Une étude parue en mars sur le site de la revue britannique Human Reproduction met en évidence que l'exposition des testicules de l'homme adulte aux phtalates - un plastifiant - entraîne une inhibition de la production de l'hormone masculine, la testostérone. Jusqu'ici, un tel effet n'avait été constaté que sur les testicules de fœtus humain ou chez le rongeur.

Cette preuve inédite de l'action de ce perturbateur endocrinien a été documentée par trois équipes françaises : celles de Bernard Jégou (Institut de recherche sur la santé, l'environnement et le travail, Inserm U1085, Rennes), de Daniel Zalko (Institut national de la recherche agronomique, Toulouse) et de Bruno Le Bizec (Laboratoire d'étude des résidus de contaminants dans les aliments, Ecole nationale vétérinaire, Nantes).

IMPRÉGNATION DE LA POPULATION

Les phtalates sont des plastifiants que l'on retrouve dans pratiquement tous les articles en PVC mais aussi dans l'alimentation. Des enquêtes menées dans différents pays ont détecté une imprégnation de la population, dépassant la dose journalière admissible recommandée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). De nombreuses études chez le rat ont montré que cette substance chimique provoque une atrophie du testicule, une diminution de la fertilité et des malformations chez le rongeur au stade fœtal.

Virilite-2.jpgLorsque le concept de perturbateur endocrinien a émergé il y a une vingtaine d'années, il s'appliquait aux composés mimant - sur les hommes - l'action des œstrogènes, une hormone féminine. Puis il est apparu que ce dysfonctionnement pouvait être produit par des substances contrariant les hormones masculines, les androgènes. Les chercheurs se sont alors intéressés aux phtalates reconnus comme des anti-androgènes susceptibles de perturber le développement de l'appareil génital masculin.

Les nombreuses études menées chez le rat, au stade fœtal ou avant la puberté, ont en effet démontré, dès la fin des années 1990, que l'exposition aux phtalates pouvait inhiber la synthèse de testostérone par les testicules et entraîner des anomalies de l'appareil génital. Chez les rats déjà pubères, les phtalates provoquent une diminution de la production de spermatozoïdes.

ANOMALIES GÉNITALES

Qu'en était-il dans l'espèce humaine? Les chercheurs se sont focalisés sur le fœtus, sachant qu'il s'agit d'une période critique. "Les données étaient contradictoires", explique Bernard Jégou. Des études comme celle de Shanna Swan (Faculté de médecine de Mount Sinai, New York) mettaient en évidence, rétrospectivement, une corrélation entre l'exposition de mères, dont les urines recueillies au cours de la grossesse contenaient des phtalates, et des anomalies hormonales ou génitales constatées chez les petits garçons qu'elles avaient eus.

Mais d'autres travaux ne retrouvaient pas un tel lien. "Si certaines études montraient que les testicules du fœtus pouvaient se montrer résistants à l'action anti-androgène des phtalates, cela ne prouvait pas qu'il en allait de même pour des expositions à un autre âge", argumente Bernard Jégou. Des chercheurs ont notamment mis en évidence les perturbations hormonales chez des ouvriers exposés dans le cadre professionnel aux phtalates. "C'est pourquoi nous avons procédé à cette étude, la première, sur des testicules humains en culture, car il n'est évidemment pas question d'exposer des individus aux phtalates", précise le chercheur.

Les trois équipes françaises ont réalisé leurs expériences sur deux types d'échantillons: des prélèvements sur des testicules d'hommes atteints d'un cancer de la prostate et des lignées de cellules produisant des stéroïdes, du type testostérone. Dans les deux cas, les substances auxquelles les cellules ont été exposées - le DEHP [di- (2 éthylhexyl) phtalate] et le MEHP [mono- (2 éthylhexyl) phtalate] - ont inhibé la production de testostérone. Cet effet a été obtenu à des doses de phtalate qui correspondaient à celles retrouvées chez des individus montrant - lors d'études épidémiologiques - une association entre l'exposition à ces substances chimiques et une altération de la production d'androgènes.

RENFORCER LA RÉGLEMENTATION

Deuxième constat majeur de l'étude: les testicules peuvent transformer un phtalate sans effet direct (le DEHP) en un phtalate inhibant la production de testostérone (MEHP). C'est par ce mécanisme que le DEHP devient un perturbateur du fonctionnement endocrinien.

Cette démonstration de l'altération de la production hormonale masculine vient alourdir le dossier des phtalates. Le Réseau environnement santé demande un renforcement de la réglementation et leur remplacement par un composé moins toxique.

SOURCE  : Paul Benkimoun; LE MONDE.FR

Biberon.jpgLes phtalates, un usage multiple

Utilisation: Les phtalates sont des plastifiants que l'on trouve dans nombre d'articles en PVC, qu'ils soient rigides, semi-rigides ou souples: ballons, bottes en plastique, rideaux de douche, tuyaux, textiles imperméables, matériel de perfusion, etc. Ils sont aussi utilisés dans les peintures, les encres ou les cosmétiques. Les phtalates peuvent être également présents dans des produits laitiers.

Contamination: Les expositions se font par voie d'inhalation, d'ingestion et par le contact cutané. Le fœtus peut être exposé inutero.

Réglementation: Une directive européenne, révisée à plusieurs reprises, a interdit les phtalates dans les jouets et objets de puériculture (anneaux de dentition par exemple) destinés aux enfants de moins de 3 ans. L'Europe les a également bannis des films alimentaires, mais ce n'est pas le cas dans beaucoup d'autres pays.

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