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L'Uniterrsaliste Andromede60

Monnaie complémentaire : Ne pas oublier notre finitude

22 Octobre 2012 , Rédigé par Andromede Publié dans #Economie Alternative & Utopique

 

Monnaie solidaire Mesure

 

A l’occasion de la conférence de Patrick Viveret sur « reconsidérer la richesse », un temps fut consacré à « reconsidérer la monnaie » à la suite duquel une question fut posée sur « l’intérêt des monnaies locales complémentaires » (MLC). Cette question, tout projet de MLC qui en a accepté la dimension eSpérimentale ne peut pas ne pas se la poser. C’est à cette question que j’entends répondre, tout en m’appuyant sur des éléments de la conférence de Patrick Viveret.

Cette conférence atteignit, selon moi, son cœur quand Patrick Viveret rappela la généalogie des « mots de la comptabilité » : « l’origine de la comptabilité est de nature théologique »(2). C’est ainsi qu’il fut un temps où, en Occident, la « comptabilité du Salut » ne considérait pas l’intérêt composé comme un « bénéfice » mais le rangeait dans la colonne du « maléfice », du « méfait », du péché. Alors, pour éviter la damnation éternelle, l’usurier ne pouvait transmettre à ses héritiers les fruits de son usure.

La raison de cette condamnation, c’est l’interdiction pour cet être fini qu’est l’humain de se croire créateur de temps, créativité réservée à l’entité divine qui, seule, est infinie.

J’en viens alors à une question fondamentale : en quoi la « finitude » humaine peut-elle fonder (spirituellement) un projet de MLC ? Question qui doit apparaître d’emblée comme « incongrue » mais à laquelle j’espère pouvoir fournir des réponses pratiques.

Notre « finitude » n’est pas un postulat, c’est d’abord un « constat » : l’humain est « mortel », sa vie vécue est finie, elle n’a qu’un temps, entre une naissance et une mort. On meurt, tu mourras, je mourrai. Mais cette finitude n’est pas seulement un constat(3), c’est aussi, pour nous les humains en vie, une « chance », une occasion de réjouissance, l’occasion de « faire sens ». Cette occasion a un temps (notre vie vécue), un lieu (ici et maintenant, sans attendre) et un corps : celui de notre existence matérielle. Les humains ne sont pas que des « purs esprits ».

 

Spiritualité et matérialité de la monnaie

Cette incorporation de notre humanité a deux conséquences directes pour ceux qui s’engagent dans un projet de « monnaie ». D’une part, un projet de MLC doit affirmer son intention : non pas être l’ennemi de l’économie, mais « remettre l’économie à sa place », ni la seule, ni la première, ni centrale, mais incontournable néanmoins. Mais de quelle oïkonomia parlons-nous ? De celle dont les meilleurs informateurs ne sont pas les économistes mais les anthropologues. C’est là que nous pouvons rencontrer une féconde dispute, certes théorique, pour déterminer de quelle nature est le commencement de la monnaie : religieuse, économique ou politique ? Dispute essentielle pour un projet de MLC qui prétend viser une « réappropriation citoyenne de la monnaie », et donc une réappropriation de la compréhension de ce que nous faisons quand nous faisons une MLC. Dispute essentielle parce qu’elle nous pose deux questions : 1/ toutes les sociétés humaines ont-elles connu la monnaie ? 2/ Quelle différence entre la monnaie comme « invariant » et la monnaie moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui ?

La seconde question nous semble avoir trouvé une solide réponse dans les travaux de Karl Polanyi quand il distingue entre la monnaie moderne qui est une all purpose money – la monnaie cumule les trois fonctions classiques définies par les « économistes » : évaluer, échanger, payer – et les monnaies « archaïques » qui sont one purpose : par exemple, la monnaie qui permet de régler une dot ne permet pas d’acheter quoi que ce soit.

La première question est davantage l’objet d’un débat (passionnant) entre ceux qui placent l’origine de la monnaie dans la Dette, en particulier dans la « dette de vie »(4)et ceux qui font de la triple obligation de « donner-rendre-recevoir »(5) le véritable système originel de la socialité. Pour les premiers, les sociétés comme les individus sont régis par une dette primordiale qui est une « dette de vie » : du seul fait de la naissance, chaque humain naît en étant débiteur de la société qui le voit naître, le voilà débiteur d’une « dette » qu’il rembourse par des « devoirs » sociaux. Pour les seconds, la Dette, et donc l’endettement, repose d’abord sur le Don/Contre-don.

Oubli 1 de la finitude : rêver d’une société d’humains qui seraient reliés par la seule transmission de pensée.

 Suite de l'article ICI.

Source : monnaie-locale-complementaire.net

 

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